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1. |
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ls ont rasé Vincennes.
Ils ont maintenu leurs barèmes.
Mimer pour s'éduquer,
Dupliquer une pensée ;
Quand les salles de cours se résument à sacraliser le passé.
Faites les bien concourir,
Apprenez leur à conquérir ;
Différencier les plus faibles, leur faire croire qu'ils devront souffrir.
Ils ont rasé Vincennes.
Ils ont maintenu leurs barèmes.
Ils ont rasé Vincennes,
Vive l'école républicaine,
A mort les cours d'Hocquenghem.
A Vincennes.
Fini la lutte des classes,
Bonjour la lutte des places.
Privatiser les bancs d'école pour vaincre le chômage de masse.
Instruire ou éduquer ?
Ils ont préféré former.
Comment parler d'égalité dans un système hiérarchisé ?
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2. |
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Les rayons d'soleil font des ricochets
Sur le bitume humide de ton quartier.
Les mômes s'arrosent autour d'une borne à eau,
Devant le rideau baissé d'un bistro.
Des marguerites poussent entre les pavés
De ta petite ruelle abandonnée.
Des vieilles racines escaladent les murs
De ton immeuble ridé de fissures.
C'est l'ancienne de la cité.
C'est la sorcière du quartier.
Elle fait partie du folklore,
De notre drapeau tricolore.
Ton appart' n'est pas digne de ces altesses,
Y a du carrelage différent dans chaque pièce.
Des auréoles jaunâtres sur la tapisserie
Autour des photos de feu ton mari.
Tu fais des fautes d’orthographe à l'oral ;
L’onomatopée comme support verbal.
Niveau éloquence tu manques de pratique
Mais tes silences sont des armes rhétoriques.
C'que t'as vécu t'as pas besoin d'l'exprimer,
Tu préfères le garder emprisonné.
T'avais pas voulu l'mettre dans tes bagages
Quand ton bateau avait quitté l'rivage.
Tu rêves des heures accoudée au balcon,
A être témoin du passage des saisons,
A te repasser le film en silence
Du temps où parler avait d'l'importance.
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3. |
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Texte de Rémi Cieplicki
Ca fait une heure que je t'attends
J'suis pas du genre impatient
Mais j'me demandais
Si tu serais là pour dîner
Je sais vraiment pas quoi faire
Je veux pas te mettre en colère
Mais mon ventre me fait mal
J'crève la dalle.
Alors je t'envoie un texto
Et je mets les pâtes dans l'eau
Sans nouvelles de toi
Ca fait trois heures que je t'attends
J'suis pas du genre impatient
Mais le film que j'regardais
Vient de se terminer
Alors j'prends mon téléphone
Mais je tombe sur ton répondeur
Ca m'étonne
T'as dû le mettre en vibreur
Tant pis je vais au lit
J'espère passer une bonne nuit
Sans nouvelles de toi
Ca fait cinq heures que je t'attends
J'suis pas du genre impatient
Mais sans toi dans mes draps
Je ne m'endors pas
Alors je contacte Chloé
Chez qui t'as passé la soirée
Elle me dit
Ca fait longtemps que t'es partie
Comment ai-je pu oublier
Qu'il y a trois mois tu m'as laissé
Sans nouvelles de toi
Ca fait un an que j'attends
J'suis pas du genre impatient
Mais j'espère qu'un jour tu me donneras
Des nouvelles de toi
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4. |
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J'aimerais revenir
Au temps où j'voulais pas grandir,
Dans ma fabrique à souvenirs.
Faire des tournois d'crachats,
Dire qu'le plus fort c'est mon Papa,
Glander devant Tortues Ninja.
Voir l'paysage défiler dans les trajets en bagnole.
Répéter « on arrive quand ? » et se manger des torgnoles.
Jouer au foot sur un parking et tacler le goal volant,
Balancer les jambes dans l'vide le cul vissé sur un banc.
J'aimerais refaire
Toutes mes classes de primaires,
Voir mon âge au fond du verre.
Mentir sans cesse,
Devoir apprendre la politesse,
Rembobiner des VHS.
Appuyer sur la sonnette et se barrer en courant,
Se jeter tête la première du sommet du toboggan.
Sniffer la colle Cléopâtre, porter un pull Fido Dido.
Épingler un bout d'carton sur les rayons d'mon vélo.
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5. |
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Texte de DIEGO PALLAVAS
Aux extrémités, là où le bas blesse
J'ai presque la gueule à Dewaere
Engoncé dans mes cicatrices
Pour me sentir encore un peu plus blaireau
Contente-toi d'être ordurier
T'es qu'un vrai saligaud
Les pensées pourrissent à mon chevet
Matérialisé là, crépusculaire idiot.
Hélas je recherche le sens mais j'ai perdu les mots
Trébucher dans l'esclandre
Comment sauver la forme quand on en fait de trop
Nulle souffle sur mes cendres
Le vide est sidéral crois moi j'en crève encore
On gèle sur piédestal au pays des larmes on crève encore
Contente-toi d'être académique
Du mérite agricole
Plus besoin d'aller chercher la merde
Et se sentir encore un peu plus blaireau
Hélas tu recherches le sens mais t'as perdu tes mots
La scandaleuse esclandre
Comment sauver la forme quand on en fait de trop
Nulle souffle sur tes cendres
Le vide est sidéral crois moi t'en crèves encore
On gèle sur piédestal au pays des larmes
Trébucher dans l'esclandre.
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6. |
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Plus rien ne brille dans la chambre de Marine,
Plus de fleurs gribouillées sur ses ballerines.
Elle ne dessine que des nuages pluvieux,
Laissant bruiner la sueur des plus vieux.
Tous les soirs on lui raconte des histoires :
Tant de secrets partagés dans le noir.
Marine s'éteint à la moindre caresse,
En fermant ses yeux cachés derrière ses tresses.
Elle peint ses poupées comme des académies,
Dort avec elles, réfugiée sous le lit.
Le son des comptines qui peu à peu s'estompe
Laisse la place aux rêves pour oublier la honte.
Marine ne taille plus ses crayons de couleurs,
Ses dessins n'habillent plus le réfrigérateur.
Les aimants ne tiennent plus ses œuvres naïves,
Désormais classées dans un placard d'archive.
Marine sourit, Marine s'amuse,
Marine rougit et bégaye quand elle s'excuse.
Marine n'a jamais connu la tendresse,
Marine s'éteint à la moindre caresse.
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7. |
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Seras-tu à mes côtés lorsque mes rouages grinceront ?
Lorsque mes paupières applaudiront pour la dernière fois ?
Ai-je été comme Gene Kelly tournoyant sur un lampadaire ?
Aurons-nous toujours Paris sur le tarmac noir et fumeux ?
Étais-je le bon, ou l'imposteur ?
Étais-je vraiment à la hauteur ?
Seras-tu à mes côtés lorsque mes draps seront souillés ?
Lorsque le vent dispersera les songes d'une vie passée ?
Regarderas-tu en arrière à 88 miles à l'heure ?
Me tiendras-tu la main en imaginant le bonheur ?
Étais-je le bon, ou l'imposteur ?
Étais-je vraiment à la hauteur ?
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released December 28, 2020
Mixé et masterisé par Jef Weber.
Photo de Angel's Art Photography.
Enregistré par Gut.
Composé et écrit par Gut, exceptés les titres "Des Nouvelles", par Rémi Cieplicki et "L'Esclandre", par Diego Pallavas.